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Les enjeux des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE ou D3E)

Le 24/11/2023

Le contexte

Lorsqu’on sait que la fabrication d’un ordinateur ou d’un téléphone portable représente environ 80% de son empreinte carbone, qu’il faut plus de 70 substances pour les fabriquer comme des métaux lourds et minéraux rares, qu’il faut 1,5 tonne d’eau pour fabriquer un ordinateur, on se doit de regarder de près sa réparabilité et son recyclage.
Seulement 16% des smartphones seraient collectés et la durée d’utilisation d’un ordinateur est passée de 11 ans en 1985 à 3 ans en 2020.

Le Recyclage

Selon le rapport de l’ADEME, en 2020, on dépasse les 75% de déchets électroniques ménager recyclés.

« Près de 1,2 milliard d'équipements électriques et électroniques a été mis sur le marché en 2020, représentant 2,2 millions de tonnes. En 2020, 849 097 tonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques ont été collectés en France pour un taux de recyclage de 77 % »

Cette performance est le résultat d’une législation de 2014 sur le principe de la responsabilité élargie du producteur (REP).

« Les producteurs de D3E sont tenus de faire collecter et traiter l’ensemble des déchets D3E issus des équipements professionnels mis sur le marché après août 2005 ».

Les organismes REP agréés organisent la collecte et le recyclage des déchets électroniques. Ils sont financés directement par le consommateur en intégrant une partie du coût sur les produits mis sur le marché.
Ils se retrouvent au sein de FEDEREC (Fédération Professionnelle des Entreprises du Recyclage) dans la filière DEEE.

Lors du Salon Pollutec en octobre 2023 à Lyon, j’ai eu le plaisir d’assister à une conférence sur le sujet avec les acteurs du marché, notamment les éco-organismes comme Ecosystem, Ecologic et également Ecomicro qui intervient dans les 4 domaines : collecte, reconditionnement, recyclage et valorisation.

Ils nous ont démontré leurs enjeux, notamment celui de la collecte.

La récupération d’équipements en fin de vie représente des risques dont il faut tenir compte :
o   Risque d’incendie avec la batterie lithium
o   Risque de fuite des données
o   Sécurité des déchèteries

Aujourd’hui, selon Tess Pozzi, présidente de la filière DEEE chez FEDEREC en 2022 :

« En 2022, 958 100 tonnes de DEEE ont été collectées, dont 123 300 tonnes de DEEE professionnels (source : rapports annuels Ecosystem et Ecologic) et 834 800 tonnes de DEEE ménagers (source : OCAD3E). »

Nous approchons 50% de taux de collecte avec encore 10% à la poubelle. L’objectif est de réduire ce pourcentage à 5%.

Le réemploi / la réparation

Ces enjeux intégrés, on constate l’importance d’une longue, voire seconde vie, des matériels électriques et électroniques.

Les objectifs sont clairs :
• Rallonger la durée de vie des produits
• Donner accès à une réparation à des coûts modestes

La loi AGEC de 2022 propose d’ailleurs plusieurs actions dans ce domaine

La création de Fonds de réparation et réemploi est prévue par la loi AGEC et fixée au 1er janvier 2022. Pour la filière DEEE, ce Fonds vise à financer la réparation et le réemploi des équipements dans le cadre de la Responsabilité Élargie du Producteur (REP).
Un bonus « réparation » pour les appareils électriques et électroniques
Les produits électroniques comportent un indice de réparabilité

La Norme internationale AFNOR 50614 permet d’exposer les exigences relatives à la préparation en vue de la réutilisation des déchets d'équipements électriques et électroniques.
Le Label Quali Repar a été développé dans cet esprit.

Dans la sphère de la seconde vie, coexistent deux mondes très différents comme celui qui privilégie le don pour un réemploi social ESS versus back market qui surfe sur la vague….

Bien sûr, rien ne sera possible sans un devoir de pédagogie sur la sobriété, la frugalité et le prolongement de la durée d’usage. C’est ce que je vous propose de faire dans le cadre par exemple de cet atelier construit avec l’association Be Amazonial :
« Mon empreinte carbone et numérique : la comprendre et la réduire »

En conclusion, les DEEE sont bien un enjeu stratégique avec une croissance de plus de 10% par an, l’usage de métaux rares, stratégiques et/ou critiques, avec un impact sur notre empreinte carbone, sur la biodiversité et l’usage de l’eau.

L’objectif stratégique est à l’échelle d’une entreprise, mais également au niveau de l’Etat français et de l’Europe.

Les enjeux des métaux rares, stratégiques ou/et critiques :
Des métaux rares comme l’indium, le cobalt ou l’antimoine, ne sont pas rares mais leurs gisements sont concentrés et peu nombreux.
Des métaux critiques, comme le cuivre, se caractérisent par une difficulté d’approvisionnement .
Des métaux stratégiques sont indispensables pour une fabrication, et peuvent conduire à une dépendance par pays de 98% pour certains métaux.
D’où l’importance de baisser l’utilisation de ces métaux critiques pour diminuer cette dépendance.