Article "Challenges"

Le 28/01/2015

Dans Médias

Capture d'écran du site MyAnnona.com (c) MyAnnona.com​Les​ femmes ont désormais leur plateforme de crowdfunding

Laure-Emmanuelle HUSSON A+A-
 

Lancée fin novembre, MyA​nnona.com veut lever les barrières culturelles qui empêchent nombre de femmes de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Comme toute plateforme de crowdfunding, MyAnnona.com invite les internautes à financer des porteurs de projets en échange de contreparties symboliques. Mais le dernier né des sites de financement participatif français a ceci de particulier qu’il est réservé au sexe dit faible. En effet, du nom d’une déesse romaine symbole de l’abondance, le site MyAnnona ne recense que des campagnes féminines ou co-réalisées à parité avec un homme. "L’idée est de développer les valeurs de la mixité, avance Beril Bès, 45 ans, la fondatrice et présidente. Plusieurs rapports ont montré que ce sont les équipes de travail mixtes qui fonctionnent le mieux".

Lancée fin novembre, la  plateforme compte déjà cinq  projets en cours de  financement, dont la création  d’une boutique en ligne bio et  made inFrance et de bracelets  pour communiquer plus  facilement avec les secours en  cas d’accident. Mais une  trentaine de candidates ont déjà frappé à la porte de Beril Bès pour apparaître sur son site. "J’en reçois tous les jours mais j’en refuse un certain nombre car elles ne sont pas suffisamment abouties". Peu importe. Il y a un réel marché veut croire l’ancienne cadre dans la banque qui s’est lancée voilà 5 ans dans l’entrepreneuriat en fondant son propre cabinet de courtage et d’assurance. "A l’époque, pour ne pas être seule, je suis allée voir différents réseaux d’entrepreneurs. Mais j’ai eu du mal à m’y intégrer car je n’étais qu’avec des hommes. Je me suis tournée ensuite vers des réseaux féminins et j’ai constaté que les problèmes que j’avais rencontrés étaient ceux de nombreuses femmes".

Rôle clé des réseaux féminins existants

Beryl Bès commence alors à s’engager activement dans l’association "Agir avec elles" qui promeut "la femme dirigeante, décideur économique, culturel, sportif et social" dans le territoire du Beaujolais, à proximité de Lyon. Elle en prend la présidence pendant quatre ans tout en continuant son activité professionnelle. "Un jour une de mes clientes m’a demandé de l’aider pour lancer une campagne sur un site de financement participatif. En me documentant, je me suis rendue compte que c’était une plateforme dédiée aux femmes qu’il fallait que je crée". Grâce à son réseau, la quadragénaire constitue une équipe au coeur de l’été 2014 qui se met autravail. "Ça se met progressivement en place, c’est le démarrage. Nous avons de nombreuses associations de femmes qui nous soutiennent et qui peuvent aider les projets à se créer".

MyAnnona veut créer un véritable réseau d’accompagnement, d’échanges autour de l’entrepreneuriat au féminin. Une valeur ajoutée certaine par rapport aux autres plateformes.“L’idée est d’utiliser l’effet de levier des réseaux de femmes”. On y retrouve des associations comme Cyberelles, RéZoé ou le programme Entrepreneur au féminin de l'Essec. L’objectif est de lever les barrières culturelles et historiques qui empêchent nombre d’entre elles de sauter le pas. Le taux de femmes entrepreneurs atteint 30% en France, et doit passer à 40% d’ici 2017 pour le gouvernement. “On revient de loin. Avant 1962, il était impossible pour une femme d’ouvrir uncompte bancaire sans son mari ou son père.”  

Des précédents à l'étranger

Si c’est une première en France, d’autres plateformes dédiées aux femmes existent déjà à l’étranger. Catapult.org, créée en 2012 dans la Silicon Valley par Maz Kessler a déjà financé 432 projets dans 86 pays. Cette plateforme a une dimension très sociale dans le développement de projets féminins dans les pays en voie de développement. Quant à Plum Alley, également lancée en 2012, cette fois-ci par une ancienne cadre de Wall Street, elle a déjà financé100 projets.